Chez Comwatt, nous militons pour une transition énergétique qui puisse profiter au plus grand nombre mais nous n’avons pas le monopole du bon sens. Pour aider le citoyen à comprendre cette transition, nous réalisons un ensemble d’interviews de citoyens.
Aujourd’hui c’est Rob Hopkins, fondateur du mouvement des « villes en transition » qui répond aux question de Comwatt TV.
Quels sont les principaux problèmes du système énergétique actuel ?
Il y a beaucoup de problèmes avec le système actuel ! L’un d’eux est que les hydrocarbures sont très puissants et ils ont un gros impact sur le changement climatique, et cela l’accélère de façon terrifiante. Un autre problème, c’est le contrôle de notre système énergétique par une poignée d’entreprises très puissantes. Ce système est très anti-démocratique, il est fait pour nous et devrait être contrôlé par nous.
C’est encore très centralisé, entre les mains de grosses entreprises. Je pense qu’il y a de nombreux problèmes mais ce sont les principaux.
Si nous continuons d’agir comme ça, que va t’il se passer ?
Je pense qu’on a une idée très claire de ce qu’il va se passer si continuons comme ça. Jusqu’à la révolution industrielle, nous n’avons jamais dépassé 300 ppm (concentrations moyennes de CO2 dans l’atmosphère terrestre). Pendant 2 millions d’années, la quantité de carbone dans l’atmosphère est restée en dessous de 300 ppm. Maintenant, nous sommes à 450 ppm et cela augmente rapidement.
La température moyenne de la planète à augmenter de 1.1 degrés depuis la révolution industrielle. Nous voyons déjà de terribles choses se produire comme la fonte des glaces, les incendies en Australie et autres… Nous savons qu’en continuant comme ça, nous attendrons 1.5 degrés de réchauffement en 2020-2025. Peut-être attendrons-nous 2 degrés en 2020-2030 et encore 4 degrés en 2075, à 4 degrés cela sera une catastrophe ! Entre 1.5 et 2 degrés, nous assisterons à de mauvaises récoltes mondiales. Nous prenons la route vers une planète inhabitable dans les 50 prochaines années.
Pour moi l’urgence, c’est que nous devons remplir une mission maintenant qui n’a jamais été faite auparavant. C’est sans précédent dans l’histoire ! C’est notre challenge. J’ai le sentiment que tous ensemble avec assez d’imagination, d’engagement, on ouvre le champ des possibles. La monde va être différent et de bien des manières, ce sera ainsi un monde meilleur.
Si vous étiez ministre de l’énergie, quelle serait votre première décision pour changer ça ?
Si je devenais ministre de l’énergie… Premièrement, il faut avoir une vision systémique. Il ne s’agit pas que d’énergie mais également de la nourriture, des transports… La première chose est de créer un « Patriot Act » pour la transition. Comme un parlement des citoyens qui permet le développement des énergies renouvelables. Je mettrais en place une législation pour enlever les voitures des centre-villes. Les transports publics seront gratuits partout. Les gens n’auront même pas besoin d’avoir une voiture. Qui voudrait d’une voiture alors que les transports sont si intelligents et gratuits ? Tout cet espace pourrait servir à faire d’autres choses.
Nous devons isoler les maisons pour gagner en efficacité énergétique. Je m’assurerais que tous les nouveaux immeubles produisent plus que ce qu’ils consomment et avec des matériaux locaux.
Pour moi dans 10 ans, nous devons privilégier une économie plus locale, plus résiliente et beaucoup plus efficace énergétiquement. L’énergie que nous utiliserons sera produite localement et nous consommerons beaucoup moins que maintenant. Nous ne voyagerons pas si loin car nous aurons une vie plus riche près de chez nous.
Quelle forte certitude avez-vous et qui pourtant est partagée par très peu de monde ?
Presque toutes ! J’ai écrit un livre sur l’imagination et comment l’utiliser. L’idée est que nous vivons dans une époque qui demande à être le plus imaginatif possible. Les gouvernements veulent des changements rapides dans tous les aspects de la société. C’est une grande invitation à l’imagination mais nous vivons dans une culture où nous créons des conditions qui brident notre imagination. Nous avons un système éducatif qui détruit l’imagination des jeunes. La vie active des gens ne laisse pas de place à l’imagination. Nous sommes tellement anxieux, seuls et isolés.
La pièce maîtresse de la lutte contre le changement climatique, c’est que nous devons nous concentrer pour créer les meilleurs conditions permettant à l’imagination de s’épanouir.