Chez Comwatt, nous militons pour une transition énergétique qui puisse profiter au plus grand nombre mais nous n’avons pas le monopole du bon sens. Pour aider le citoyen à comprendre cette transition, nous réalisons un ensemble d’interviews de citoyens.
Aujourd’hui c’est Corinne Lepage, avocate et femme politique française. Découvrez l’interview d’une femme investi dans la protection de l’environnement.
Quels sont les principaux problèmes du système énergétique actuel ?
En France nous avons un problème majeur, nous avons fait le choix du nucléaire en 1970, globalement 1973, qui pouvait se justifier. Le problème est que nous sommes en face d’une super-structure qui ne veut pas s’adapter et qui refuse d’aller vers un système d’énergies renouvelables, de décentralisation énergétique et même d’économies d’énergies. Nous sommes pris en tenaille entre des obligations communautaires qui nous obligent à aller dans cette direction et une volonté politique acharnée de maintenir le modèle centralisé nucléaire.
Si on continue d’agir comme ça, que va t’il se passer selon vous ?
Nous allons louper le coche de la décentralisation énergétique. Nous l’avons déjà loupé partiellement pour nos filières industrielles dans le renouvelable : éolien et solaire. Nos entreprises ont beaucoup de mal à exister.
Les gens vont faire autrement, c’est à dire qu’il va y avoir des stratégies de contournement. Certains parlent d’une énergie verte qui va être noire. C’est à dire, faite « à la va comme je te pousse », ce qui est tout à fait dommage. alors qu’on peut organiser des choses et permettre une formidable ré-extension territoriale sur le plan économique. Grâce notamment au développement du renouvelable. Les textes communautaires nous invitent à le faire. Il va y avoir une bataille dans la transcription des textes communautaires pour que la France obéisse à ses obligations.
Si vous étiez ministre de l’énergie en France quelles seraient vos premières mesures?
Je libérerais complètement tout ce qui concerne le développement du renouvelable. Je supprimerais les freins à l’autoconsommation collective, je mettrais un système financier et fiscal très favorable. J’aiderais à ce que les réseaux locaux aient la possibilités de se développer de manière à ce qu’on arrive à une masse critique qui ferait qu’on serait obligé de changer à l’échelle nationale.
Quelle forte certitude avez-vous et qui pourtant est partagée par très peu de monde ?
Peut-être ma conviction qu’il faut changer depuis 40 ans. Également, que le climat, la sante environnementale et la biodiversité, c’est le même sujet. Qu’il faut changer notre modèle de développement économique et qu’on a très peu de temps pour le faire. il ne faut pas parler de transition mais de changement de fusil d’épaule.
En ce qui concerne l’énergie, il a une possibilité d’avoir de l’énergie bon marché, grâce au solaire en particulier et de permettre un modèle économique tout à fait viable. Mais malheureusement en France, beaucoup pensent que la seule énergie qui assure l’indépendance, est le nucléaire. Ce qui est faux ! La seule énergie qui assure l’indépendance est celle que nous donne la nature : l’eau, le soleil et le vent.